Un grand moment à consommer sans modération: le trek de 5 jours en haute montagne et le clou du spectacle: la visite du site de Choquequirao!
Nous sommes partis à 6: Yves, notre guide, le cuisinier, deux muletiers, Serge et moi; à rajouter les indispensables mules au nombre de 4, dont une de secours ainsi qu'un cheval, au cas où… quoi d'ailleurs??? On a vite compris le cas où, car ce trek est physiquement difficile et notre compagnon à quatre pattes habitué à l'environnement capable de nous secourir si besoin!
D'ailleurs, si on me demande maintenant en quel animal j'aimerais être réincarnée, sans aucune hésitation je dirais la mule!
Elle a du caractère, grimpe absolument partout avec des charges improbables sur le dos, est bien traitée par son muletier et voit tous les jours (même si je suis convaincue qu'elle s'en fout, c'est moi qui extrapole dans mon idée de réincarnation en mule) un environnement grandiose!
Sans attendre la fin du trek, je vous annonce que nous sommes revenus tous les 6 et nos compagnons équidés moins chargés qu'à l'aller, car déchargés des victuailles que le cuisinier nous a concoctés: de véritables petits festins quotidiens équilibrés et pleins d'attention, tout cela au milieu de nul part et avec très peu d'infrastructure! Une prouesse dont le summum a été le gâteau du dernier petit déjeuner et la pizza encas de notre montée finale!
D'ailleurs, je lui ai parlé (pas directement car mon espagnol est inexistant… mais grâce à Serge et Yves) de l'émission du meilleur pâtissier et pense l'inscrire… nouveau défi: avec quelques ingrédients et peu d'ustensiles, en pleine montagne, faites un gâteau sur le thème du voyage! Bon courage et top chrono… Il a peu de chances d'être égalé!
Revenons à nos moutons, plutôt à nos mules.
Ce que j'ai retenu de cette expérience à la fois physique et mentale et que je souhaite partager avec vous, car cela peut vous aider et me fais plaisir… il faut le faire même si on a des doutes sur ces capacités physiques et mentales (ce qui était mon cas, je l'avoue…) et appliquer ces quelques règles évidentes ou apprises sur le tas grâce à Yves.
Premier point et loin des moindres: ne pas lésiner sur l'équipement vestimentaire, car il fait froid et puis chaud et doux… et le changement de vêtements en arrivant au campement est un vrai plaisir quotidien; on revient à des choses très basiques et cela fait le plus grand bien… le reste était pris en charge par l'équipe: tentes, nourriture…la logistique pour 5 jours!
Et ne pas oublier les fameux bâtons qui font de vous 4 roues motrices et permettent de répartir l'effort ou plutôt les efforts, en descente comme en montée!
Deuxième point: avoir une équipe et un amoureux au top avec un guide bienveillant et inépuisable sur la faune, la flore, l'environnement du trek, le site visité… passionné par le coin
Pourquoi j'insiste sur ce point… car on en bave physiquement et que la moindre attention de chacun vous donne des ailes pour continuer à avancer… comme Serge, tel un cabri, nous a devancé et m'attend à un virage avec boisson et friandises en souriant et m'encourageant; comme le muletier avec ses bêtes sellées qui reste derrière moi, demande à Yves si la senora n'a pas besoin d'aide et propose de prendre nos petits et légers sacs à dos…muchas Gracias senor pour l'intention mais la senora s'est lancée un deuxième défi: celui de ne pas utiliser la moindre aide à quatre pattes pendant 5 jours!!! Le premier défi étant de terminer ce trek en en profitant au maximum, car ce n'est pas tous les jours que l'on se retrouve dans un cadre pareil!!!!
Ou comme Yves qui détache mon attention de la difficulté du moment, soit en m'affirmant que le but est d'y arriver à son rythme, soit en me parlant de tous les attraits de cet environnement (faune, flore…vie des gens, histoire du lieu, noms des montagnes, rivières…) et de son pays d'adoption. Et cela marche! Je grimpe, je descends, je re grimpe … le plat semble inexistant (c'est le replat andin) ou je ne m'en souviens pas, je redescends… et ce, pendant 5 jours, mettant un pied devant l'autre et suivant les règles d'Yves:
Aller à son rythme, faire de petits pas, le plantée de bâton, comme dans les Bronzés font du ski tout en slalomant, montée comme descente, cela permet de ne pas faire travailler toujours les mêmes muscles…et ne pas regarder vers le haut (quand je l'ai fait, c'est en effet assez décourageant et ne sert donc pas à grand chose… alors que, regarder là où vous mettez les pieds vous fait aussi perdre la notion de relief et du coup, de la difficulté…et on avance on avance, on avance, c'est une évidence…comme dans la chanson de Souchon!)
A rajouter, mes propres règles:
Serge en a certainement développé d'autres comme celle de manger et boire régulièrement que j'ai volontiers adoptée!
Et chacun trouvera les siennes le long du chemin, je suis preneuse pour mon prochain trek!
Respirer profondément de temps de temps, s'arrêter juste un peu quand le besoin se fait sentir et surtout admirer et profiter de ce qu'il y a autour de vous! Selon moi, c'est la meilleure aide qu'il soit pour marcher quelque soit la difficulté, et je viens d'en faire l'expérience; cet environnement est la récompense ultime de ces efforts, alors autant mettre en éveil tous ses sens et s'appuyer sur cette nature qui nous le rend bien en l'admirant à chaque pas ou presque , car l'air de rien (c'est une expression!), on arrive à destination en réalisant ce que l'on vient de faire; une certaine fierté s'empare alors de vous, sous les applaudissements ou tchecks de vos compagnons de voyage et là, me concernant, je rajoutais des petits hurlements de joie genre Yes ou Ouh Ouh en brandissant mes bâtons en l'air!!!! A ce moment, tout vous paraît possible… jusqu'au lendemain!
Attablés autour d'un goûter et plus tard du super dîner, on débriefe de manière plus technique: dénivelé, nombre de kilomètres, temps et on calcule: 300 mètres de dénivelé en une heure, au dessus de la moyenne, selon Yves; nous le croyons sans hésitation, et ne sommes pas peu fiers! En plus d'y arriver, non sans difficulté, nous marchons bien et avons plaisir à le faire! Que du bonheur!
Qui l'eut cru après ma mauvaise expérience il y a 7 ans à Lombok en Indonésie avec l'ascension du Rinjiani… je l'ai analysé depuis et pas mal de choses n'étaient pas au rendez-vous par ma faute ou pas: ascension du dernier tronçon très tôt le matin, dans l'obscurité complète à la frontale, donc aucun repère pour poser les pieds et aucune vision sur la panorama qui aurait pu être d'un grand soutien sur ce sol ressemblant à de la pierre ponce où un pas en avant me faisait reculer de deux!
Du coup, un guide pas génial, moral dans les chaussettes et cerise sur le gâteau: je ne mange pas et ne bois pas! Tout faux la Malau! Bref, aucun plaisir, difficultés physique et moral à gogo et pas de souvenirs positifs de ce trek… et cela n'est pas le but!
Ravie et fière aujourd'hui de pouvoir dire que Marcher est un vrai bonheur et que se surpasser, avec toutes les conditions décrites ci dessus, fait un bien fou!
On a l'impression de se retrouver un peu, de prendre ce temps qui nous manque tant quelquefois pour réfléchir autrement et penser à ceux que l'on aime et que l'on emporte avec nous, d'être ramené à un état simple et naturel, de puiser et d'exploiter une partie de nous que l'on ne connaît pas assez!
Merci à mon Serge de m'avoir supporté et de me supporter encore sur les chemins les plus difficiles (des treks et de la vie)
Merci à Yves et à toute l'équipe sans lesquels je n'aurais pas réussi et grâce auxquels je me sens capable de tout… ou presque aujourd'hui!
Quel courage. Bravo pour ce trek, le récit et les photos
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